Capsule littéraire – Les gens sont beaux

 Résumé

En vacances chez ses grands-parents Yaya et Papou, un garçon apprend l’origine de la cicatrice qui balafre le visage de son grand-père. Papou raconte que c'est à cause d’une rencontre malheureuse avec un rasoir dans un salon de coiffure. Dès lors, le jeune garçon, étonné, apprend que tout le monde porte une trace de son histoire. Papou lui propose de se promener et d’observer cette vérité de ses propres yeux. C’est ainsi que le petit-fils et son grand-père croiseront des corps marqués par leur vécu. Entres autres, celui d’Hakim au dos tordu pour avoir fait des travaux de pavage pendant quarante ans, ou celui de Maryline qui cache sous ses gants l’eczéma provoqué par la mauvaise ambiance et les reproches au bureau, etc.

À travers ces rencontres, Papou offre à son petit-fils, une autre vision pour comprendre les maux et l’encourage à déceler la beauté qui se dissimule dans chaque personne rencontrée.

Baptiste Beaulieu, surnommé Papou, est médecin généraliste et le héros de cette histoire. Retraité, il entreprend de raconter à son petit-fils pourquoi les gens sont beaux. À travers son métier, Baptiste a vu toutes sortes de corps. Des tordus, des blessés, des amputés, etc. Un modèle parfait n’existe pas et derrière les imperfections se cachent des traces de vie. Chaque être humain est porteur d’une histoire et quand on connait cette histoire, ça change tout.

Critique

Les gens sont beaux est une ode à la beauté et à l’acceptation de soi à travers le premier album jeunesse du médecin et écrivain Baptiste Beaulieu. En 2023, cet album a reçu le prix Landerneau, catégorie Album jeunesse afin d’honorer le travail de l’auteur et de l’illustratrice de ce livre.

Baptiste Beaulieu est médecin généraliste, écrivain et chroniqueur littéraire à la radio française. À travers son album jeunesse, il rend hommage aux cicatrices de la vie et au courage nécessaire pour les accepter.

L’auteur nous raconte l’urgence de s’accepter à travers son propre corps, de lui accorder davantage de bienveillance et d’honorer ses limites. Conseil qu’il met d’ailleurs en pratique.

De plus, il incite chacun à faire de même et à s’offrir plus de générosité envers ses propres stigmates.

Baptiste Beaulieu insiste aussi sur le fait de transmettre dès le plus jeune âge aux enfants cet amour de soi, un sentiment très fort qui permet de prendre soin de soi et de se protéger des influences extérieures néfastes.

Qin Leng a réalisé des illustrations chatoyantes à l’aquarelle. Celles-ci invitent le lecteur à suivre les héros et héroïnes du livre à travers une ballade dans les quartiers multiculturels de Paris. Qin Leng sait habillement alterner entre les scènes du quotidien et nous présenter des portraits intimistes. Vous serez surpris de constater que lorsque l’illustratrice torontoise met en scène l’histoire d’un personnage, elle y inclut toujours le regard des passants. Remarquez les regards de surprise ou parfois même de dégout envers les corps différents. C’est toujours le regard d’autrui posé sur nous et nos particularités physiques qui nourrissent la honte intérieure. 

En bref, c’est une leçon de vie et de philosophie que le duo nous propose. Un album qui fait du bien à l’âme.

 Pistes pédagogiques

L’album Les gens sont beaux encourage l'estime de soi, la bienveillance envers son corps, mais aussi envers celui des autres. Un message  d'acceptation de l'autre et de curiosité s’en dégage.

Il y a un lien à faire avec la compétence numéro 3, des Compétences transversales du Programme de formation de l'école Québécoise, "exercer son jugement critique". L’album de Baptiste Beaulieu est un bon tremplin pour permettre de dépasser les stéréotypes, les préjugés et les idées préconçues. En effet, l’album prône le fait de s'intéresser aux gens, de comprendre leur différence, leur singularité qui sont en fait de vraies richesses.

L’album est aussi un excellent prétexte pour se libérer de la honte corporelle via la compétence numéro 7, "actualiser son potentiel et prendre sa place parmi les autres et respecter les autres". Pourquoi ne pas organiser en classe une discussion afin de rendre justice à la personne que nous sommes, s’accepter et se libérer des images néfastes que la société nous renvoie.

Cet album est aussi à mettre en lien avec le conte philosophique Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, dans le sens où le regard qui est posé sur les protagonistes de l’histoire est fait de manière bienveillante, tendre et douce.