Capsule littéraire de Tiffany Clarke (anglais langue seconde)
26 janvier 2018Capsule littéraire de Claire Baillargeon (album pour le primaire)
12 mars 2018Desjardins, India et Marianne Ferrer (ill.). Une histoire de cancer qui finit bien. Montréal : La Pastèque, 2017, 88 p
Dans un hôpital, une adolescente accompagnée de ses parents attend le verdict quant à l’évolution de sa maladie. Pour passer le temps, elle se remémore plusieurs moments qui ont ponctué sa vie, de l’annonce de sa leucémie au moment présent. Par ses réflexions, elle dévoile son quotidien, ses craintes, ses joies, ses relations avec les autres, bref sa vie.
En classe, l’écriture descriptive d’India Desjardins permet de travailler la stratégie de lecture « Visualiser » (Gear, 2006). Il est primordial de souligner que si la visualisation met en évidence le sens de la vue, les autres sens (l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût) sont également impliqués. En effet, selon Montesinos-Gelet (2016) « [l]a visualisation et tous les autres sens mentaux impliqués dans l’imagination […] visent à encourager le lecteur à se représenter les situations exposées » (p.151). Toutefois, il est important de distinguer l’imagination de la visualisation : « L’imagination s’inspire d’images intérieures alors que la visualisation découle des images qu’évoque le texte » (Gear, 2007, p.60). Dans les deux cas, l’expérience personnelle et les connaissances sont mises en œuvre, mais pour visualiser, il faut respecter le texte. Plusieurs passages de Une histoire de cancer qui finit bien permettent de démontrer comment les cinq sens sont mis à contribution au cours de la lecture, et ce, selon les expériences personnelles de chacun. Pour travailler la stratégie de visualisation et impliquer tous les sens, il serait d’abord intéressant de modéliser avec le texte de la quatrième de couverture. Dans cet exemple de modélisation, les questions entre crochets […] sont des suggestions, bien d’autres pourraient s’y greffer!
Texte de la quatrième de couverture et questions
« Je m’imagine tout ce qui me manquera si on m’annonce que je vais mourir : ma mère, mon père, ma sœur [vue : À quoi ressemble sa famille (caractéristiques physiques?)], les biscuits [goût et odorat: À quelle saveur sont ces biscuits?], certaines émissions de télé dont je ne pourrai voir la finale [vue: Quelles sont ces émissions? Sont-elles tristes, drôles, captivantes, etc.?], les jujubes en formes de dinosaures qui sont un peu surets, mais pas tout à fait surets [vue : De quelle couleur sont ces jujubes?; goût et toucher : Quelle est la sensation sur la langue?], mes cours d’histoire [vue : Quel enseignant donne ce cours? Dans quelle classe?; ouïe : Quel contenu l’enseignant explique-t-il?], marcher dehors quand il fait beau [vue et toucher : Où marche-t-elle? Sur quelle surface?], l’odeur de l’automne [odorat : Quelles sont les odeurs particulières de l’automne?], le ciel étoilé un soir de pleine lune [toucher : À quelle saison?], mes grands-parents [vue : À quoi ressemblent-ils?], la lasagne de mon grand-père [goût : est-ce une lasagne à la viande ou végétarienne?], embrasser Victor [tous les sens : Quelles sont les sensations ressenties lorsque l’on embrasse ?]… »
Après avoir fait une modélisation avec la quatrième de couverture, l’enseignant lit l’album. Préalablement, il aura demandé aux élèves de piger un des cinq sens au hasard et les aura informés qu’au fil de la lecture ils auront à noter des passages qui sollicitent le sens pigé et le justifier. Comme il s’agit d’une pratique guidée, à ce stade-ci, l’enseignant ne doit pas hésiter à faire des pauses et rappeler les consignes de visualisation aux élèves. À la suite de la lecture, les élèves se regroupent en équipes homogènes, c’est-à-dire avec des coéquipiers ayant les mêmes sens. Ils comparent leurs réponses et, par conséquent, ils constatent que chacun lit en fonction de ses propres expériences. Ils réalisent que les passages qui sollicitent la visualisation, pour un même sens, peuvent varier d’un élève à l’autre. Si le même passage est choisi par plusieurs élèves, ils s’aperçoivent qu’il n’y a pas qu’une seule manière de percevoir une même situation décrite. Une discussion de classe sur l’expérience est souhaitable pour boucler l’activité. Si l’enseignant désire proposer aux élèves de poursuivre l’exploration de la stratégie « visualiser » en lecture autonome, une recherche sur Livres ouverts avec le mot-clé « intérêt des descriptions » s’avère une bonne piste pour trouver des œuvres variées. D’ailleurs, Gear (2006) indique que les livres favorables à la visualisation sont « très descriptifs et foisonnent d’expressions riches, imagées et poétiques qui évoquent aisément les images mentales » (Gear, 2007, p.60).
Dans une perspective interdisciplinaire, un enseignant d’arts plastiques peut certainement utiliser l’album comme modèle pour amener les élèves à créer des illustrations personnelles et symboliques. En effet, Marianne Ferrer réussit, en quadrichromie, à apporter une dimension quasi métaphorique aux réalités vécues par l’adolescente et ses proches.
Références
Gear, A. (2007). Lecteurs engagés, Cerveaux branchés. Comment former des lecteurs efficaces, Montréal: Duval
Montesinos-Gelet, I. (2016). « Pleins feux sur… les trois sphères de la lecture » (p.146-159), Le Pollen, 21, 2016
Rachel DeRoy-Ringuette
Collaboratrice au site Livres ouverts, MEES.