Capsule littéraire de Pierre Van Eeckhout (documentaire pour le primaire)
21 août 2017Capsule littéraire de Tiffany Clarke (anglais)
5 septembre 2017
Dhouib, Moncef et May Angeli (ill.). Le lion et les trois buffles. Paris : Seuil, 2014, 24 p.
Trois frères buffles, un blanc, un noir et un jaune, vivent dans une vallée où tous leurs besoins sont comblés. L’ennui les rattrapant, ils décident de partir à la découverte du monde. Les quelques difficultés rencontrées en cours de route leur apprennent que l’union rend le groupe plus fort. À la suite de leurs pérégrinations, la savane leur semble un endroit privilégié pour se reposer. Les trois buffles demandent l’hospitalité au lion et celui-ci leur assure sa protection. Il a toutefois tôt fait, par sa fourberie et ses paroles, de briser l’harmonie et la collégialité entre les buffles. C’est en attisant la peur et la jalousie entre eux que le lion rusé parvient à ses fins dans un cruel point de chute.
Tirant ses origines d’une fable arabe, Le lion et les trois buffles offre une occasion de travailler ce genre narratif proposé à la deuxième année du secondaire puisque selon La progression des apprentissages – français, langue d’enseignement la fable est un genre de texte qui peut « organiser […] le travail d’appropriation par les élèves des contenus, notions, des procédés et des stratégies qui se rapportent à la narration » (p.27), en lecture, en écriture et en communication orale. Si Jean de la Fontaine et Ésope demeurent des incontournables fabulistes, Moncef Dhouib, par Le lion et les trois buffles, permet de découvrir une fable dans une langue plus contemporaine.
Fable : « Au sens large, ce terme désigne tout récit imaginaire, du fait de son étymologie latine, fabula (propos, récit). […] Au sens restreint, il est utilisé pour identifier un genre littéraire : la fable est un court récit qui sert à illustrer une moralité. Elle appartient d’abord à la tradition orale » (Boutevin et Richard-Principalli, 2008, p.111)
La moralité de cette fable peut être vue selon deux angles. En effet, l’auteur met bien en évidence, du point de vue des buffles, le proverbe « l’union fait la force » et son corollaire, du point de vue du lion, « diviser pour régner », stratégie politique portée par Machiavel et ayant ses origines à l’époque de la Rome antique sous la locution « Divide ut regnes ». Ces deux préceptes ont toujours une résonance dans notre monde actuel. D’ailleurs, une activité interdisciplinaire entre les enseignants de français et ceux d’éthique et culture religieuse (ÉCR) peut certainement émaner de la lecture de cette fable puisqu’au premier cycle du secondaire l’une des thématiques prescrites en ÉCR est l’ordre social. Ensemble, des enseignants pourraient exploiter cette fable dans le but d’en écrire une qui, d’une part, répondrait aux caractéristiques du genre pour le volet français, et d’autre part présenterait une thématique liée à l’ordre social pour le volet ÉCR. En effet, les différentes formes de pouvoir ou encore les différentes formes d’obéissance ou de désobéissance à la loi, telles que suggérées dans la Progression des apprentissages – éthique et culture religieuse, pourraient être des thématiques intéressantes pour inspirer l’écriture d’une nouvelle fable. De cette manière, Le lion et les trois buffles serait non seulement utilisé en lecture, mais également comme texte mentor pour l’écriture, et ce pour les deux disciplines nommées.
Autres références :
Boutevin, Christine et Patricia Richard-Principalli, Dictionnaire de la littérature de jeunesse, Paris: Magnard-Vuibert, 2008
Rachel DeRoy-Ringuette
Collaboratrice au site Livres ouverts, MEES