La situation des bibliothèques scolaires dans le monde varie énormément. Mais on peut dire que dans les pays développés, elle est parfois très différente de celle des bibliothèques scolaires au Québec et dans le reste du Canada.

Ce qui distingue toutefois le plus les bibliothèques scolaires du Québec de celles d’ailleurs, c’est bien souvent le personnel spécialisé qui est attitré aux écoles et à leurs bibliothèques.

Dans l’actualité:

En 1999, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a reconnu l’importance des bibliothèques scolaires en adoptant le Manifeste de la bibliothèque scolaire. Ce document «vise à définir et avancer le rôle des bibliothèques scolaires et des centres de ressources en permettant aux élèves d’acquérir les outils qui leur permettront d’apprendre tout au long de leur vie et en développant leur imagination, leur donne les moyens de devenir des citoyens responsables» (source: site Internet de l’UNESCO).

Le Manifeste a en fait été lancé conjointement avec l’International Federation of Library Associations and Institutions (IFLA), leader mondial en matière de bibliothéconomie et des sciences de l’information. Cette organisation, fondée en 1927, compte d’ailleurs une section consacrée aux bibliothèques scolaires, la School Libraries and Resource Centers Section. Le cheval de bataille principal de la School Libraries and Resource Centers Section est la dotation en personnel des bibliothèques scolaires – personnel qui devrait être qualifié et en nombre suffisant.

En 2002, l’FLA a fait paraître, une fois encore en collaboration avec l’UNESCO, des lignes directrices pour les bibliothèques scolaires. Ce document, traduit en français en 2004, aborde les points suivants: mission et politique, ressources, personnel, programme et activités, promotion.

«Ces nouvelles normes ont été élaborées pour informer les décideurs au plan national et local à travers le monde, et donner à la communauté bibliothéconomique un support et des conseils. Elles ont été écrites pour aider les écoles à appliquer les principes énoncés dans le manifeste.»

IFLA/UNESCO, Normes IFLA/UNESCO pour les bibliothèques scolaires, 2004, 19 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.ifla.org/files/assets/school-libraries-resource-centers/publications/school-library-guidelines/school-library-guidelines-fr.pdf.

Outre l’UNESCO et l’IFLA, une autre association internationale s’intéresse aux bibliothèques scolaires: l’International Association of School Librarianship (IASL). C’est cette association qui entre autres organise le Mois international des bibliothèques scolaires.

Pour donner une idée de la place qu’occupent les services documentaires scolaires dans d’autres pays, en voici trois exemples: les États-Unis, la France et l’Australie.

Aux États-Unis:

Chez nos voisins du sud, l’association qui fait la promotion des services documentaires scolaires est l’American Association of School Librarians (AASL), une division de l’American Library Association (ALA).

En matière de promotion des bibliothèques scolaires, l’AASL est très dynamique. Elle informe les parents ainsi que le personnel scolaire. Elle offre des services pour le personnel des bibliothèques scolaires. Elle mène aussi des études sur l’état des bibliothèques scolaires aux États-Unis.

En 2009, l’ALA a dévoilé les résultats d’une vaste enquête sur l’évolution de la situation des bibliothèques entre 1999 et 2009. Une partie de cette recherche était consacrée aux bibliothèques scolaires. Il en ressort entre autres que:

«Lorsqu’on les interroge à propos des bibliothèques scolaires

  • 97% des Américains (224,5 millions) considèrent que les services des bibliothèques scolaires sont une part essentielle de l’éducation parce qu’ils offrent des ressources aux élèves et aux enseignants.
  • 96% des Américains (222 millions) considèrent que les bibliothèques scolaires sont importantes parce qu’elles offrent à chaque enfant l’occasion de lire et d’apprendre.
  • 92% des Américains (213 millions) considèrent que les services des bibliothèques scolaires constituent un bon investissement de leurs impôts.»

Traduit de American Library Association (ALA), The Condition of U.S. Libraries: School Library Trends, 1999-2009, Chicago: ALA Office for Research and Statistics, 2009, 16 pages. Pour en télécharger une copie.

De la même étude, il ressort aussi qu’en 2007, les États-Unis comptaient 80 000 employés de bibliothèque en milieu scolaire, incluant près de 30 000 bibliothécaires scolaires. Quand on compare avec le Canada, la différence est énorme!

«Le graphique suivant présente le nombre total d’employés des bibliothèques scolaires, incluant ceux qui ont une certification de l’État et ceux qui sont détenteurs d’une maîtrise en bibliothéconomie (MLS). Depuis 2002-2003, les employés de bibliothèque scolaire certifiés par l’État sont classés dans une catégorie à part.»

Traduit de American Library Association (ALA), The Condition of U.S. Libraries: School Library Trends, 1999-2009, Chicago: ALA Office for Research and Statistics, 2009, 16 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.ala.org/research/sites/ala.org.research/files/content/librarystats/librarymediacenter/Condition_of_Libraries_1999.20.pdf.

L’AASL offre aussi des ressources pour aider les parents, par exemple pour les aider à évaluer la bibliothèque scolaire de leurs enfants et à demander des comptes à ce sujet:

«La meilleure façon de savoir ce qu’il en est de la bibliothèque scolaire de vos enfants est de vous y rendre et de poser les questions suivantes, suggérées par l’AASL, division de l’ALA:

  • Y a-t-il un ou une bibliothécaire scolaire reconnue par l’État à temps plein?
  • Est-ce que mes enfants ont accès à la bibliothèque scolaire quand ils en ont besoin pour leurs cours?
  • Est-ce que la bibliothèque est accessible par le biais d’Internet?
  • Est-ce que mes enfants visitent la bibliothèque scolaire fréquemment avec sa classe? Seuls? En petits groupes?
  • Est-ce que la bibliothèque scolaire est un lieu beau et pratique où les enfants peuvent travailler seuls ou en petits groupes?
  • Est-ce que la bibliothèque scolaire comporte un bon nombre de ressources de formats variés -livres, ordinateurs, documents audiovisuels- qui répondent à différents types d’apprentissage?
  • Est-ce qu’il est possible d’avoir accès à Internet et à d’autres ressources électroniques à partir de la bibliothèque?
  • Est-ce que les ressources documentaires de la bibliothèque sont récentes? Est-ce que les encyclopédies ont moins de trois ans d’âge?
  • Est-ce que le budget de la bibliothèque scolaire est adéquat et permet d’enrichir la collection à la fois papier et électronique?
  • Est-ce que les enfants sont encouragés à lire, à regarder et à écouter, pour mieux apprendre et comprendre, mais aussi pour le plaisir?
  • Est-ce que la direction de l’école comprendre et soutient bien la bibliothèque scolaire?
  • Est-ce que l’école offre des formations pour soutenir les enseignants et le personnel en matière de nouvelles technologies?
  • Est-ce que les enseignants sont encouragés à travailler avec le ou la bibliothécaire scolaire en matière d’exploitation pédagogique de la bibliothèque et des ressources documentaires, afin que leur enseignement aille au-delà des manuels et de la classe?
  • Y a-t-il une procédure qui permette d’évaluer la bibliothèque scolaire régulièrement?»

Traduit de American Association of School Librarians (AASL), The School Library: What Parents Should Know.

Quelques autres ressources offertes par l’AASL:

  • AASL Standards for the 21st-Century Learner, Chicago: AASL, 2007, 8 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.ala.org/aasl/standards. Document d’information visant à outiller les professionnels quant aux compétences informationnelles que les élèves devraient développer.
  • Empowering Learners: Guidelines for School Library Programs, Chicago: AASL, 2009, 64 pages. De nos jours, la bibliothèque ne doit plus être perçue comme un lieu fermé, mais comme un lieu aux frontières fluides, s’adaptant aux divers besoins et influencé par sa communauté. Les services des bibliothèques scolaires doivent s’appuyer sur un environnement d’apprentissage flexible, visant à faire des élèves des apprenants compétents. Les lignes directrices de ce document sont inspirées de ces principes.
  • Campaign for America’s Libraries Toolkit for School Library Media Programs: ALA Campaign for America’s Libraries in partnership with AASL, Chicago: AASL, 2003, 44 pages. Pour en commander une copie: http://www.alastore.ala.org/detail.aspx?ID=2292. Trousse destinée aux professionnels et offrant des messages, des idées et des stratégies visant à mettre en valeur les bibliothèques scolaires ainsi que les professionnels de la documentation.
  • American Association of School Librarians Best Websites for Teaching and Learning. Suggestions de ressources destinées aux bibliothécaires scolaires, aux directions d’écoles, aux parents et à tous les acteurs du milieu de l’éducation

En Europe, l’exemple de la France:

Dans certains pays européens, les bibliothèques scolaires sont pour ainsi dire inexistantes. Dans d’autres, et en particulier en Scandinavie, les bibliothèques scolaires sont encadrées par la loi, bien implantées et gérées par un personnel spécialisé. En somme, la situation des bibliothèques et des bibliothécaires scolaires en Europe varie grandement. L’Union européenne a toutefois adopté en 2006 un cadre européen des compétences clés, outil de référence dont l’objectif est d’aider les États membres à adapter leurs programmes scolaires aux besoins actuels. Au moins une de ces compétences rend les bibliothèques scolaires essentielles:

«Apprendre à apprendre exige, pour commencer, d’acquérir les aptitudes de base nécessaires pour la poursuite de l’apprentissage que sont l’écriture et la lecture, le calcul et la maîtrise des aptitudes aux TIC. Sur la base de ces aptitudes, un individu devrait être en mesure de chercher à acquérir, d’obtenir, d’exploiter et d’assimiler de nouvelles connaissances et aptitudes. Cela exige une gestion efficace de son apprentissage, de sa carrière et de son activité professionnelle, et notamment l’aptitude à persévérer dans l’apprentissage, à se concentrer pendant des périodes de temps prolongées et à réfléchir de manière critique sur l’objet et la finalité de l’apprentissage. L’individu devrait être capable de consacrer du temps à apprendre de façon autonome et en faisant preuve d’autodiscipline, mais aussi de travailler en équipe dans le cadre du processus d’apprentissage, de tirer les avantages de sa participation à un groupe hétérogène et de partager ce qu’il a appris. L’individu devrait être capable d’organiser son propre apprentissage, d’évaluer son propre travail et, le cas échéant, de chercher des conseils, des informations et de l’aide.»

Commission européenne, Compétences clés pour l’éducation et la formation tout au long de la vie: Un cadre européen, Luxembourg: Office des publications officielles des Communautés européennes, 2007, 12 pages. Pour en télécharger une copie: http://ec.europa.eu/dgs/education_culture/publ/pdf/ll-learning/keycomp_fr.pdf.

Un exemple européen de services documentaires scolaires qui se démarque est celui du réseau français. Les bibliothèques scolaires françaises sont de deux catégories: les Bibliothèques Centres de Documentation (BCD), qui desservent les écoles primaires, et les Centres de Documentation et d’Information (CDI), qui desservent les écoles secondaires (collèges et lycées).

Les BCD ont été créées en 1972. Plusieurs plans ont tenté de soutenir leur mise à niveau au fil des ans, mais elles sont toutefois encore gérées par un personnel non qualifié et bénévole.

Les CDI ont été eux aussi créés dans les années soixante, mais leur situation est toute autre. Ils sont gérés par des enseignants documentalistes certifiés. Ces derniers sont des professionnels de la documentation et de l’information et ils ont le même statut que les enseignants. Les enseignants documentalistes sont rassemblés au sein d’associations professionnelles, qui elles-mêmes sont regroupées dans la Association des professeurs documentalistes de l’Éducation nationale (APDEN). Le site de l’ APDEN offre des ressources aussi bien pour l’enseignement que sur la profession elle-même.

Outre la APDEN, il existe en France un Centre national de documentation pédagogique (CNDP), qui relève du ministère de l’Éducation nationale de France. Le réseau national, composé du Centre national de documentation pédagogique, des 31 centres régionaux de documentation pédagogique et de leurs centres départementaux et locaux, porte depuis 2002 le nom de Services Culture, Éditions, Ressources pour l’Éducation Nationale (SCÉRÉN) (à ne pas confondre avec la librairie). Trois priorités ont été établies pour le SCÉRÉN: la maîtrise de la langue, l’essor des technologies de l’information et de la communication et les publics en difficultés. Un autre outil développé par le CNDP et le SCÉRÉN est le site Internet Savoirs CDI, dont l’objectif est d’offrir des ressources aux enseignants documentalistes.

En résumé, le personnel spécialisé et les ressources pour les bibliothèques scolaires françaises sont principalement destinés aux CDI des collèges et des lycées. Les bibliothécaires scolaires français, appelés enseignants documentalistes, sont à la fois gestionnaires de bibliothèque et formateurs. Ils sont enfin réunis dans une fédération officielle et ont accès à de nombreuses ressources développées par l’État.

Quelques autres ressources sur les services documentaires scolaires en Europe et en France:

Ailleurs, l’exemple de l’Australie:

Un autre pays dont le réseau de bibliothèques scolaires peut être cité en exemple est l’Australie. L’Australian School Library Association a pour particularité, outre d’offrir les services habituels d’une association professionnelle nationale, de participer à de nombreuses recherches sur l’état des bibliothèques scolaires australiennes, recherches très pertinentes pour bien saisir le fossé qui sépare le Canada de nombreux autres pays développés.

Parmi celles-ci, The Australian School Libraries Research Project offre un excellent portrait de la situation des bibliothèques et des bibliothécaires scolaires dans ce pays. On en retient entre autres les éléments suivants:

«Dans ce sondage, 86 (12,518%) des bibliothèques estiment leur budget annuel à moins de 1000$. 113 (16,448%) bibliothèques rapportent un budget annuel de moins de 5000$. En somme, près d’un tiers des écoles participantes du sondage (28,996%) dédient moins de 5000$ annuellement à leur bibliothèque scolaire. Parmi tous les bibliothèques scolaires du sondage, 45,123% reçoivent moins de 10 000$ comme budget annuel. Sachant les prix moyens des ressources, cela indique que les bibliothèques scolaires australiennes sont piètrement fournies, particulièrement quand on considère le coût des ressources électroniques. Les abonnements à des bases de données importantes peuvent coûter dans les cinq chiffres annuellement. Peu de bibliothèques rapportent avoir un budget de plus de 50 000$ (8,296%) et celles-ci ont tendance à être des bibliothèques de grandes écoles indépendantes.

[Les bibliothèques scolaires de plusieurs régions se trouvent sans personnel professionnel. Les statistiques qui suivent le tableau détaillent ce qu’il en est du personnel responsable des services documentaires, parmi les répondants.]

  • Des participants du sondage, 85,152% (585) indiquent qu’ils sont responsable de la bibliothèque ou coordonnateur.
  • Comme seulement 71,179% des sondés sont des bibliothécaires-enseignants, cela signifie que certaines bibliothèques scolaires sont gérées par des bibliothécaires, des paraprofessionnels ou encore du personnel non professionnel.
  • De tous les participants, plus de 60% indiquent qu’ils enseignent à la bibliothèque.»

Traduit de Barbara Combes, Australian School Libraries Research Project: A snapshot of Australian school libraries, Report 1 dans Australian School Library Research Project, Joondalup: ASLA, ALIA & ECU, 2008, 21 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.chs.ecu.edu.au/portals/ASLRP/publications.php.

«Concernant les qualifications du personnel en poste dans les bibliothèques scolaires sondées:

  • 6,799% des sondés n’ont pas de formation spécialisée du tout.
  • Seulement une personne détient un PhD (0,165%).
  • 20,729% des participants détiennent une maîtrise. Toutefois, 28,8% (36) de ceux-ci ont indiqué que leur maîtrise avait été obtenue dans un autre domaine que dans celui de la bibliothéconomie.
  • Plus de la moitié des répondants (57,213%) ont obtenu leur diplôme avant 1995.
  • 21,89% des sondés ont obtenu leur diplôme avant 1980.
  • Plus de la moitié des enseignants-bibliothécaires ont obtenu leur diplôme avant la naissance d’Internet et les changements en profondeur que les TIC ont provoqués dans le domaine de la gestion de l’information et du développement des ressources électroniques.
  • Le nombre d’enseignants-bibliothécaires nouvellement diplômés continue de diminuer.»
  • Traduit de Barbara Combes, Australian School Libraries Research Project: A snapshot of Australian teacher librarians, Report 1 dans Australian School Library Research Project, Joondalup: ASLA, ALIA & ECU, 2008, 29 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.chs.ecu.edu.au/portals/ASLRP/publications.php.

On notera que ce qui semble peu pour des Australiens en matière de bibliothèques scolaires s’avère beaucoup pour des Canadiens. Ainsi, plus du deux tiers des bibliothèques scolaires sondées peuvent compter sur un budget annuel de plus de 5000$. De même, alors qu’une seule des bibliothèques scolaires sondées n’est desservie que par des bénévoles, ce qui semble indiquer que la très grande majorité des bibliothèques australiennes relèvent d’un personnel rémunéré (plus de 70% des personnes en poste sont même des bibliothécaires-enseignants), il en est tout autrement au Québec.

Quelques autres ressources offertes par l’ASLA et des partenaires:

  • Softlink, Australian School Library Survey, Brisbane: Softlink, 2010-[…]. Depuis 2010, Softlink mène un sondage annuel sur les bibliothèques scolaires australiennes. Le sondage de cette entreprise porte sur le budget des bibliothèques scolaires, leur personnel ainsi que sur le lien entre le niveau des bibliothèques scolaires et les résultats en lecture obtenus dans les écoles desservies. Les résultats de l’Australian School Library Survey sont reconnus et utilisés par le gouvernement australien, l’ASLA ainsi que l’Australian Library and Information Association (ALIA).
  • Lyn Hay et Dr. Ross J. Todd, A School Libraries Futures Project: School libraries 21C, [Sydney]: NSW Department of Education and Training, Curriculum K–12 Directorate et School Libraries and Information Literacy Unit, 2010, 45 pages. Pour en télécharger une copie: http://www.curriculumsupport.education.nsw.gov.au/schoollibraries/assets/pdf/21c_report.pdf. Une série de discussions dirigées menées via un blogue ont inspiré les 11 recommandations présentées dans ce rapport.