Article écrit par Geneviève Paquin.
L’École Marie–Clarac secondaire est une école de filles à vocation catholique qui accueille environ 450 élèves par année. Gérée par la congrégation des Soeurs de la Charité, l’école consacre une plus grande plage horaire à l’enseignement de la religion que les autres écoles secondaires et fait partie du programme d’études internationales (OBI).
La bibliothèque compte deux employés: une bibliothécaire (moi) à temps plein qui s’occupe de la gestion et de l’administration et une commis à temps partiel qui s’occupe du service de prêt et de la préparation matérielle des documents. Par conséquent, j’ai mon budget d’acquisition et je le gère sans restriction préétablie. Mon budget n’est pas énorme, mais pas riquiqui non plus, et il me permet d’acheter tout au long de l’année scolaire et de répondre à la majorité des besoins et des demandes des usagers. Mon employeur s’attend à ce que je dépense cet argent en m’appuyant sur la politique de développement, qui a été élaborée par un de mes prédécesseurs, et me fait entièrement confiance, ce qui est très apprécié. La politique de développement est un document complet qui a été très bien rédigé, mais je ne la traîne pas avec moi en librairie, je m’en confesse. Je la relis de temps en temps et je garde toujours en tête ce que je considère comme étant les plus grands facteurs décisionnels quand vient le temps de choisir un document.
Quand je choisis mes documents, je pense toujours aux facteurs suivants:
C’est une bibliothèque scolaire
Je considère toujours l’aspect pédagogique d’un document en fonction des cours offerts. Les enseignants me donnent leurs suggestions d’achats spécifiques ou générales afin que je puisse avoir un beau fonds documentaire pour leurs travaux de recherche. Je ne peux pas me permettre de combler toutes leurs demandes, mais je m’efforce de toujours considérer leurs demandes et de trouver un compromis. Si l’enseignant sait que des livres sur le sujet traité en classe sont à la bibliothèque, il va venir avec ses élèves. Sans avoir de budget alloué à chaque matière, je privilégie les matières d’univers social et de langues. Les sciences et les mathématiques n’étant pas des matières où l’on fait autant de recherches, je favorise donc les ouvrages de référence généraux et des périodiques.
En ce qui concerne la littérature, j’achète presque toutes les demandes des élèves. J’essaie d’avoir des séries complètes et à jour et j’achète rarement le même titre en 3-4 exemplaires (budget trop serré). Je m’efforce aussi de bien représenter tous les styles malgré une clientèle exclusivement féminine (voir paragraphe C’est une école de filles). Enfin, j’essaie aussi de lire la majorité des romans que j’achète et je me renseigne sur les sujets traités, car je dois me sentir à l’aise de mettre ces romans entre les mains des élèves.
C’est une école de filles
Qui dit fille, dit vampire, amour et… histoires d’amour avec des vampires! Il est difficile de ne pas tomber dans les préjugés et la facilité quand on a qu’un seul sexe comme clientèle. Les demandes d’achats sont rarement pour des livres de «gars» et si j’écoutais certaines élèves, la bibliothèque ne contiendrait que des romans d’amour. J’essaie de faire abstraction de ce facteur la plupart du temps, mais en même temps, il y a des sujets dits féminins (le maquillage, la mode) qui vont être plus représentés dans la collection que d’autres dits plus masculins (automobile). Force est de constater qu’après 3 ans, je me rends compte que des romans comme Vango (De Fombelle) ou le Talisman de Nergal (Gagnon) ne sortent pratiquement jamais, malgré mon obstination à les mettre en valeur. Par contre, les mangas sont très très populaires et j’arrive à faire découvrir de petits bijoux en bande dessinée, comme Marzi (Sowena) et Persepolis (Satrapi).
C’est une école à vocation catholique
L’école accueille des élèves de plusieurs confessions religieuses telles que: catholique, musulmane, protestante, maronite, copte, témoin de Jehovah et adventiste du 7e jour. Malgré toutes ces religions qui cohabitent, ce sont les valeurs chrétiennes qui l’emportent et qui se reflètent partout dans l’école. Je dois donc considérer cette particularité dans le développement de la collection. Je m’efforce de représenter toutes les grandes religions en parts égales, sauf le christianisme qui prend une plus grande place (c’est la seule religion qui a «droit» à une section évangélisation, puisque c’est en partie le mandat de l’école). Finalement, je ne choisirai pas d’essais critiques théologiques, car la philosophie de l’école est de faire connaître les religions et non pas de les critiquer. Quand je choisis un roman qui parle de religion (ex.: Da Vinci Code), je dois m’attendre à des plaintes et à le retirer des rayons si la direction me le demande. Mais ce genre d’incident peut arriver dans tous les milieux, je ne m’y arrête pas.
C’est donc une bibliothèque scolaire de filles à vocation catholique
Quand on combine tous ces facteurs, on pourrait croire que mon choix est restreint. Effectivement, il l’est. Les demandes de l’employeur étant claires, c’est à moi en tant qu’intervenante de m’y conformer et de trouver comment je peux utiliser ces facteurs pour arriver à remplir mon rôle auprès des élèves et des enseignants. Je travaille donc chaque jour à essayer de relever ce défi en gardant en tête mes objectifs premiers en tant que bibliothécaire scolaire: instruire et divertir.
Geneviève Paquin
Bibliothécaire
École secondaire Marie-Clarac