Capsule littéraire de Brigitte Sirois (roman)
7 octobre 2015Capsule littéraire de Claire Baillargeon (album)
22 octobre 2015Kurlansky, Mark. World Without Fish. New York: Workman Publishing Company, 2011, 183 pages.
World without fish est un documentaire sur l’écologie des fonds marins et l’extinction massive des poissons de l’océan principalement à cause de l’industrie de la surpêche et de la pollution, mais aussi d’un certain laxisme politique nourri par une rivalité historique entre scientifiques et pêcheurs commerciaux. L’auteur, Mark Kurlansky, retrace l’histoire des pêcheries et son évolution vers une opérationnalisation industrielle avec la loupe darwinienne. On y comprend assez rapidement que l’humain fait partie intégrante de cette chaîne alimentaire dont la base, l’océan source de toutes vies sur Terre, se transforme à vitesse grand V en menaçant inexorablement la survie même de l’humanité. Un constat excessivement démoralisant! Pourtant, ce documentaire est tout sauf déprimant. Il fait prendre conscience de l’urgence de modifier ou d’adapter notre consommation alimentaire pour préserver la vie dans les océans en s’appuyant sur des arguments scientifiques et commerciaux. On sort grandis de cette lecture, plus forts, plus convaincus que jamais que des solutions existent. Sans tomber dans le simplisme ultime, on y apprend que la pêche écoresponsable est l’une des clés de l’équation et que celle-ci ne sera réaliste que si les consommateurs que nous sommes l’exigent.
Sur un ton carrément positif, voire même souvent humoristique, l’auteur ne cherche pas à faire peur, mais à présenter les faits tels qu’ils sont. L’adulte en moi, qui ne voyait qu’un seul dénouement possible à ce livre dans une chaîne logique de cause à effet, soit la fin de l’humanité, a été agréablement surprise par le dénouement de l’auteur: une invitation aux lecteurs à devenir militants pour la cause des océans avec, en prime, un « petit manuel » du militantisme responsable. Comment revendiquer dans le respect d’autrui…tout à fait G-É-N-I-A-L!! Je n’aurais pu en espérer autant! Il s’adresse aux adolescents dans un langage direct et intelligent sans perdre ses lecteurs dans les méandres d’une érudition superflue ou d’un discours savant ennuyant. Le pari de l’auteur tient la route: les prises de conscience majeures que l’on y fait n’ont d’égales que le pouvoir de la volonté humaine que l’on a de changer nos habitudes de vie.
La lecture de ce documentaire en anglais est facile et très agréable, qui se lit d’un couvert à l’autre avec le même type d’engagement que s’il s’agissait de votre roman préféré. Des faits qui s’enchaînent dans une mise en page qui joue avec les typographies pour donner du tonus à certains passages et du dynamisme à l’ensemble de l’ouvrage. Chaque chapitre se clôt sur une planche BD où l’on illustre la dégradation des océans à travers le filtre d’une fiction réaliste et sympathique.
À l’école, le plus difficile ne sera pas de trouver un groupe d’âge pour ce documentaire qui, dès 12 ans parle aussi aux lecteurs même adultes, mais des enseignants d’anglais audacieux qui auront envie d’oser travailler le texte courant avec leurs élèves directement à la source d’un essai plutôt que par l’entremise d’extraits de manuels épurés de leur contexte initial ou encore du sempiternel texte littéraire.
– Brigitte Moreau
Bibliothécaire scolaire