Capsule littéraire – La toile: fragile est l’estime au fil de soi

Résumé

Dix adolescents tissent, au fil de leur propre expérience, une toile dans laquelle ils se retrouvent reliés : la toile des médias sociaux. Alors que certains sauront s’inspirer de ce vécu parfois plus trouble, parfois plus lumineux, mais toujours touchant, alors que certains encore sauront même inspirer d’autres destins, d’autres enfin s’embourberont plutôt dans cet amas de fil pour lequel ils n’auront pas su créer un véritable sens.

Si l’image corporelle et bien sûr l’estime de soi sont des thèmes dont le titre déjà prédit la présence, ceux du cyberharcèlement, la notion de fausse nouvelle et celle de chambre d’écho pourront surprendre. Parsèment également les portraits de ces 6 adolescentes et 4 adolescents ainsi que la section plus informelle du livre des éléments qui habitent les pensées et influencent les actions d’une pléthore de jeunes partout dans le monde, tels que : la selfite, les pensées suicidaires, le bonheur et le besoin d’être aimé.

Critique

J’ai pour ma part bien aimé découvrir, au fil de cette toile bien tissée, comment se faisaient échos les différentes destinées de ces adolescentes et adolescents. Comme ce sont plutôt des portraits – on pourrait être tenté de dire des selfies – qui sont faits de ces personnages, les nombreux thèmes qui sont abordés (à titre d’exemples le suicide, l’homosexualité, la cyberintimidation, la chirurgie plastique) ne s’y retrouvent certes pas de façon détaillée, mais peut-être plutôt afin d’illustrer cet univers de possibles que constitue la toile des médias sociaux.

À cet égard, il paraît pertinent de préciser que, s’il est vrai que l’aspect plus négatif, voir dangereux, des médias sociaux est bien présent, il ne prend pas toute la place, bien au contraire : il en ressort probablement davantage qu’une utilisation réfléchie peut mener à une saine découverte de soi – n’est-ce pas là l’essence même de l’adolescence – et à de belles initiatives de partage et d’implication. 

Est-ce parce qu’elle est l’auteure et l’illustratrice de ce livre que Nathalie Lagacé arrive à créer à de multiples occasions des liens très forts entre le texte et l’image? Toujours est-il que si la lecture du texte ne laisse pas indifférent, la lecture des images demeure certes elle aussi percutante.

Pistes pédagogiques

Il serait intéressant de montrer d’abord des stratégies de recherche pour aiguiser son esprit critique en s’informant sur un sujet – par exemple un thème abordé dans l’œuvre –, et d’ensuite créer des liens entre les mécanismes des fausses nouvelles et les procédés d’écriture des différents genres abordés au secondaire (description, justification, explication, argumentation).

Créer un espace de discussion où apprendre à accueillir les opinions divergentes en discutant, en échangeant par exemple sur les choix faits et les actions posées par les différents personnages, ou en utilisant les questions proposées dans la section informelle de l’œuvre, invite à différentes activités mettant de l’avant l’écriture. Par exemple, à la suite de cet échange, réaliser une écriture collaborative pour recréer, en classe, cette idée d’une toile qui nous unit. Les élèves peuvent aussi choisir un personnage et lui adresser un message ou encore s’insérer dans la toile et tisser des liens avec les personnages en écrivant, à la manière de l’auteure, un portrait imaginé ou inspiré d’une expérience vécue par soi ou une personne de son entourage.

Cette œuvre de Nathalie Lagacé suscite certainement la discussion quant à l’utilisation de l’écriture inclusive. Pourquoi ne pas en profiter pour aborder ce sujet avec les élèves et réfléchir aux répercussions que son utilisation peut avoir sur différentes personnes? Une discussion à ce propos peut d’ailleurs servir de sujet pour une pratique d’écriture notamment pour les genre justificatif et argumentatif.