Capsule littéraire de Pierre Van Eeckhout (documentaire)
28 mars 2017Capsule littéraire de Tiffany Clarke (anglais)
10 avril 2017
Pommaux, Yvan. Orphée et la morsure du serpent. Paris : L’école des loisirs, 2009, 53 p.
Au cours d’une noce contemporaine, la jeune mariée se fait mordre par un serpent. Il s’agit là d’un prétexte pour qu’une invitée raconte le mythe d’Orphée. Elle relate ainsi la rencontre d’Orphée avec Eurydice, la mort de cette dernière, victime d’une vipère, la peine inconsolable de l’époux et l’épopée de celui-ci au royaume des Morts pour sauver sa bien-aimée. C’est en s’aventurant aux Enfers, armé de sa lyre, que l’amoureux désespéré traverse le Styx en compagnie du passeur Charon et qu’il amadoue le Cerbère pour enfin soumettre à Hadès et Perséphone sa requête : permettre à Eurydice de revenir auprès de lui. Le roi des Enfers accepte tout en imposant une condition. Cette dernière stipule que même si Eurydice le suit, Orphée ne peut lui jeter de regard qu’une fois tous deux sortis des enfers. Tragiquement, avant qu’Eurydice ait franchi le monde des vivants, Orphée se retourne et pose les yeux sur son amoureuse, mettant alors fin au pacte scellé avec Hadès.
Écrit et illustré par Yvan Pommaux, Orphée et la morsure du serpent permet plusieurs exploitations en classe de français pour aborder à la fois la lecture, la communication orale et l’écriture avec des élèves de secondaire 3.
D’abord, sur le plan de la lecture, les mythes, aux côtés des contes, légendes et récits de création, font partie des genres narratifs prescrits au cours de la troisième année du secondaire (MELS, 2011). Puisque la mythologie grecque est un sujet vaste et complexe, l’adaptation en album du mythe d’Orphée, dans Orphée et la morsure du serpent, est certainement un bon moyen pour initier les élèves à ce genre narratif. De plus, la lecture du récit d’Orphée permet aux élèves de tisser des liens avec les autres divinités et héros. Pour faciliter la tâche, un « index des noms cités » passant en revue les personnages (ex. Calliope, Hadès, Sisyphe, etc.), les groupes (ex. les Danaïdes, les Grâces, les Muses, etc.) et les lieux (ex. Les Champs Élysées, L’Hèbre, L’Olympe, etc.) présents dans l’album est offert à la fin de l’ouvrage.
Dans cet album, Orphée n’est associé qu’au mythe qui l’unit à Eurydice mais, pour bonifier l’expérience de lecture et approfondir les connaissances des élèves sur la mythologie grecque, pourquoi ne pas leur proposer de découvrir la vie d’Orphée avant sa rencontre avec Eurydice? En effet, Orphée est l’un des Argonautes partis en expédition auprès de Jason pour retrouver la Toison d’or. Afin de découvrir le rôle et le parcours d’Orphée ainsi que celui de ses acolytes dans cette quête, la lecture de certains textes du recueil Héros de la mythologie grecque, de Marie-Thérèse Adam, publié chez Gallimard, semble tout à fait appropriée.
Toujours en lien avec la lecture, une comparaison entre l’album de Pommaux et le texte « Eurydice, La bien aimée », tiré du recueil Quatre héroïnes sur un fil, écrit par Angèle Delaunois et illustré par Christine Delezenne, publié chez Isatis, est également une avenue intéressante à considérer. La lecture comparative de ces deux textes permet, par exemple, de mettre en parallèle les points de vue adoptés pour raconter le mythe et de relever les différences, notamment sur le plan du vocabulaire utilisé, de la description des personnages cités et de leurs actions, etc. L’observation des styles d’illustration s’avère aussi une piste intéressante dans la mesure où Pommaux choisit une narration visuelle, à l’aide notamment d’une mise en pages variée, alors que Delezenne parsème plutôt le texte d’illustrations inspirées de sculptures antiques.
Du côté de la communication orale, la lecture de l’album de Pommaux, et optionnellement celui de Delaunois, pourra susciter une discussion sur le caractère universel et intemporel des mythes. Ainsi, il sera possible de discuter « entre pairs autour de l’intérêt de l’explication du monde donnée dans les contes, les mythes, les légendes et les récits de création » (MELS, 2011, p.18), un point lié à la justification à l’oral en secondaire 3.
Finalement, lors d’une situation d’écriture, adopter le procédé d’emboîtement, ou de mise en abyme, utilisé par l’auteur apparaît un défi intéressant pour les élèves. Dans ce cas-ci, le mécanisme d’emboîtement privilégié repose sur des personnages actuels qui racontent le mythe. D’autres mécanismes pourraient être utilisés comme le rêve, l’évocation d’un souvenir par un personnage, la lecture ou l’écriture d’un récit par le narrateur, etc. Afin de trouver des exemples diversifiés de ce procédé, une recherche sur le site Livres ouverts à l’aide du mot-clé : emboîtement (procédés) sera utile. Ces exemples supplémentaires pourront inspirer les élèves dans une production écrite afin de « réinvestir certains procédés d’écriture » (MELS, 2011, p.29), ici l’emboîtement.
Autres références :
Adam, Marie-Thérèse. Héros de la mythologie grecque. Paris : Gallimard jeunesse, 2006, 223 p.
Delaunois, Angèle et Christine Delezenne (ill.). Quatre héroïnes sur un fil. Montréal : Bayard Canada, 2014, 64 p.
MELS. Progression des apprentissages au secondaire, français, langue d’enseignement. Québec : Gouvernement du Québec, 2011, 89 p.
Rachel DeRoy-Ringuette
Collaboratrice au site Livres ouverts, MEES